Une école de la république mais aussi de la démocratie pour l’accès de de toutes et tous à la parole, aux savoirs et au pouvoir
Faut-il définir clairement et institutionnellement (comme dogme idéologique ou comme pilier du système démocratique républicain) les finalités sociétales, éthiques, éducatives, générales ? Faut-il un pacte scolaire républicain pour un projet de société ? Énoncer, par exemple, des valeurs comme : l’émancipation, l’égalité, la solidarité, la liberté d’expression ou les mettre en pratiques, les faire vivre lors des années de préparation au métier ? Ou encore en explorer l’histoire, les évolutions ?
Pourquoi les métiers de l’éducation, et plus particulièrement de l’enseignement, n’attirent plus ou ne retiennent plus après de longues études pour y arriver ?
Plusieurs hypothèses à analyser de près :
-Salaire : c’est sûr, mais les études internationales montrent que ce n’est pas la première raison. Pour autant, il faut des propositions sérieuses et des augmentations conséquentes.
-Le manque de « reconnaissance » ; à traduire plutôt en composantes : le projet personnel, le manque de connaissance de la nature du métier aujourd’hui et ses difficultés, les conditions de travail (alourdissement des charges de travail, hétérogénéité socio-culturelle des élèves accrue, instabilité des programmes, réformes incessantes et instructions descendantes).
-L’absence de reconnaissance (au sens de respect) de leurs organisations représentatives et, plus généralement, de la culture du métier chaque jour un peu plus bafouée.
-Médiocrité, insuffisance, inadaptation de la formation, qu’elle soit initiale ou continue (enquêtes internationales), des formateurs qui ne peuvent pas se mettre au niveau des problèmes à résoudre.
-Perte de sens du métier, disent-ils ! À analyser ? Un désaccord avec les orientations et la redéfinition du métier en cours, avec les conceptions qui se dessinent : trier plus qu’accompagner ? Appliquer plus qu’inventer et s’ajuster ; une pédagogie en kits et protocoles pensés ailleurs ? Un sens du métier de moins en moins partagé et accentuant sa prolétarisation ?
-Inquiétudes, doutes sur l’avenir et la mission de l’école : devenir enseignant, c’est s’engager dans une aventure éducative pour des individus mais aussi pour un collectif, la nation et aujourd’hui l’humanité. Une responsabilité peut-être pensée comme très lourde devant l’incertitude de l’avenir. La réduction de l’éducation à la préparation à un métier minorise une institution qui est pourtant un des piliers de la communauté nationale.
–Inquiétude, doute sur le statut de la science, de la vérité, des valeurs à transmettre. Seront-ils à la hauteur pour établir une relation d’autorité, mener les débats nécessaires ?
– Gestion des nominations, des carrières qui est la grande oubliée des projets ministériels.
Penser la formation en trois étapes :
Etape 1) la rencontre découverte de la réalité du métier , le dépassement des stéréotypes, des représentations personnelles, la mise en évidence de la diversité des problèmes à résoudre, etc le renforcement des savoirs scientifique et l’introduction de leur transpositions didactiques en différents modèles didactiques et pédagogiques plus ou moins opposés , ou communs ou conflictuels.
Etape 2) l’engagement dans le métier par la pratique en responsabilité accompagnée , en alternance rapide, commentée : le développement de la réflexivité professionnelle critique avec des outils d’analyses de situation, la palette large des savoirs en sciences sociale, linguistique, sociologie, etc…
Etape 3) l’entrée en responsabilité complète dans une communauté professionnelle,
Accompagnement singulier et ou collectif des premiers pas ; résistances, lacunes , des projets singulier de développement professionnel
- Concours or not concours ?
- La force de notre histoire et l’expérience à sauvegarder, c’est la force d’une communauté qui partage des valeurs (peut-être pas celles de sciences-po ou polytechniques ! voire de l’ENS). Le statut de fonctionnaires d’État est sans doute à conserver mais le mode de recrutement à réfléchir.
- Pistes : bourses, contrats, pré-recrutement (feu les IPES et les écoles normales), durée des études,
- Place du concours d’entrée, comment mesurer, apprécier l’engagement ?
- Bifurcation possibles certifiés, en cours d’étude (L1 L2 M1 M2, FP1 ? FP2 ,,,,, FP7 vers d’autres métiers de l’éducation, proposer des spécialisations
Quel autre organisme de formation que les universités avec une filière menant aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation ?
Mais alors, quelles relations organiser pour la contractualisation entre l’université (encore indépendante de ses choix) et l’institution qui commandite (et évalue) la formation professionnelle (le ministère et ses rectorats) ? Quelle gouvernance ? Quelle représentation des personnels, des étudiants et des stagiaires, voire des parents et des collectivités territoriales dans les organismes de gestion et de décision ?
Il faut cinq à sept ans pour former un enseignant ou un CPE et plus encore pour les autres métiers de l’éducation.
La proposition serait donc de s’aligner sur les pays qui font débuter la formation dès l’obtention de l’équivalent de notre baccalauréat. C’est donc bien vers un master que l’on tend mais pas un master après une licence qui n’est plus d’enseignement et dont les deux années servent des objectifs aussi variés que la réussite d’un concours de recrutement et une titularisation qui a été et va être repoussé en première année d’exercice.
Les cinq années envisagées (formule de formation simultanée au lieu de séquentielle) seront mises à profit pour confirmer le projet et assurer le développement professionnel dans le cadre d’une alternance intégrative, c’est-à-dire pensée comme un accès accompagné au métier avec des moments d’observation puis de pratique accompagnée selon une progression personnalisée.
Structure simple à énoncer mais d’une grande complexité car mettant en relation l’université, les écoles et établissements (en réseau avec le centre de formation) et l’administration de l’Éducation nationale.
Quel rôle et quelle place pour la recherche : technologique ? fondamentale ? accompagnement critique ? expérimentale ? collaborative ?etc.
Quelle articulation au(x) stage(s) ?
Quelle mission pour le développement d’une compétence collective ?
Quelles modalités de formation à et par la recherche sur et dans les métiers d’éducation ?
Quels formateurs ?
Quelle culture commune de ces formateurs ? Quelle pluralité de statuts (de terrain, de centre, enseignants-chercheurs, chercheurs, praticiens, chefs d’établissement, voire parents, élèves, personnalité de la société civile) de savoirs d’expérience ?
Quelles collaborations ? Quelle aptitude à travailler en équipe, en partenariat ? Quels diplômes ? Quel recrutement ? Quel rapport avec la recherche ? Quel rapport avec l’école ? ses pratiques ?
Quelle légitimité ? Reconnue par qui ? Quelles perspectives de carrière ,
Quels contenus et objectifs de formation pour quelle figure renouvelée de l’enseignant ?
On pose ici le couplage évident entre la formation et la définition du métier et de ses finalités. En formation, le problème est-il alors pédagogique ? Faut-il ou non définir avec clarté les questions suivantes ou les laisser comme horizon d’attente, à charge des enseignants-formateurs universitaires ou professionnels de les poser comme objets à construire (voir plus loin la question des dispositifs).
- Faut-il définir clairement et institutionnellement (comme dogme idéologique ou comme pilier du système démocratique républicain) les finalités sociétales, éthiques, éducatives, générales ? Faut-il un pacte scolaire républicain pour un projet de société ? Énoncer, par exemple, des valeurs comme : l’émancipation, l’égalité, la solidarité, la liberté d’expression ou les mettre en pratiques, les faire vivre lors des années de préparation au métier ? Ou encore en explorer l’histoire, les évolutions ?
- Comment et avec qui définir les finalités proprement scolaires et didactiques pour chaque niveau ou type d’enseignement ? Quels objectifs anciens ou nouveaux se fixer : des savoirs ? des compétences ? une capacité réflexive ? le sens de la responsabilité et de l’engagement ? Comment en faire des objets de réflexion critique, pour développer une démarche épistémologique ? Par exemple, de quels types et contenus d’enseignement ont besoin des élèves de lycée professionnel ou BTS de 17, 18 ans en biologie ? Planchez ! Regardez les programmes !
- Comment construire la polyvalence de l’enseignant pour le premier degré ? (et la bivalence au collège ?). Quel niveau d’exigence dans les disciplines ? Postures et positionnements énonciatifs spécifiques aux disciplines plus que collection de savoirs ?
- Interroger les questions transversales qu’on dit « vives » : écologie, citoyenneté, éducation au genre, à la santé, etc. et leurs difficultés au regard des cultures diverses des familles. Qu’en est-il de l’éducation à la citoyenneté pour tous les élèves de collège ? En Seine-Saint-Denis ? Dans le 16e arrondissement ?
- Comment construire la nécessité d’explorer ou approfondir des connaissances en sciences de l’éducation dans leur rapport à la sociologie, à la psychologie sociale et cognitive, à la linguistique et aux sciences de la communication, au numérique, etc. ? Lors des stages, des observations, des études de cas, des projets ? En se référant à des recherches ?
- Comment faire pour que les centres de formation deviennent des lieux culturels ou des lieux passeurs de culture ?
Quelle figure idéale de l’enseignant en France construire ou reconstruire ?
« C’est quoi pour vous un bon enseignant ? ». Les enquêtes là-dessus disent combien cette conception est relative au pays (d’importantes différences entre l’Allemagne et la France, par exemple).
Est-ce un accompagnateur, un chercheur, un professionnel bien outillé, un puits de savoir, un fonctionnaire docile, rebelle, un artisan, un tuteur, un modèle, un accompagnant, un chercheur comme le proposent les Écossais, etc. ? Un peu de tout ça à la fois ? La liste est-elle sans intérêt ?
Les professeurs et les CPE se forment dans les établissements et les écoles tant individuellement que collectivement !
D’où « l’établissement formateur » (en y incluant les écoles et une mise en réseaux qui permet de se former collectivement) qui crée les conditions d’un développement professionnel tant en didactique qu’en pédagogie, autrement dit d’un agir professionnel qui se réfère aux savoirs, aux gestes du métier, à la formation générale et à celle des formateurs.
La coopération entre site de formation et « établissements formateurs » permet la mise en œuvre d’innovations : création d’équipes de formateurs du site et de terrain, révolution dans l’évaluation des stagiaires (période formative sans trace puis certification), etc. On peut ainsi obtenir le passage d’écoles d’application à des écoles d’implication.
À Montpellier, la création et le développement sur ce modèle d’un «groupe incubateur » ont produit des effets qui s’observent encore dans la pratiques des stagiaires, des formateurs de terrain et de site mais aussi des chercheurs qui ont animé cette opération collaborative.
La recherche sur la formation est constamment liée à une implication sur le terrain et à une « reliance » avec les maîtres de stage.
Quelle place et quel rôle pour les parents ?
La crise sanitaire des années 2020, 2021 et 2022 a révélé dans le meilleur des cas le bénéfice d’une coopération entre l’école et les parents et dans le pire des malentendus, des désaccords, voire une incompréhension dont les élèves et leur éducation ont pâti avec la mise en place improvisée d’un enseignement qui s’est voulu à distance puis hybride.
Le projet d’une révolution de la formation ne peut se faire ni sans eux ni contre eux mais il en va de même pour tous les professionnels car la visée émancipatrice rend indispensable la construction d’un accord sur la place des uns et des autres dans la préparation et l’accompagnement de l’accès au savoir, à l’autonomie, à la citoyenneté, à l’emploi et à l’accomplissement de ses projets personnels de chaque élève.
Quels partenariats ?
Quelles ouvertures aux différents degrés de l’institution scolaire et universitaire ? Au monde économique ? Culturel (dont sportif) ? Associatif ? Aux partenaires de l’école dont les mouvements pédagogiques, les associations de spécialistes, les syndicats, les associations de parents d’élèves, etc. ?
Aux collectivités territoriales ? Pour quels projets, contrats, apports ?
Intérêts, limites et dangers du partenariat en rupture avec la tradition séparatiste de l’école ?