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Boris veut enseigner la musique et non faire de l’animation

Boris veut enseigner la musique et non faire de l’animation

Après ses études dans cette discipline, Boris M. choisit de passer le Concours d’Admission au Professorat de l’Enseignement Secondaire (CAPES) en éducation musicale. Il est affecté pour son stage dans un collège en Réseau d’Éducation Prioritaire, puis il « bénéficie » d’une « seconde chance », l’année suivante, mais dans un établissement du même type. Il réalise alors que le métier qu’il doit exercer ne correspond pas à ce qu’il souhaitait faire.

Boris M. : Le plus difficile, je pense, c’est… de réussir… à… à maintenir l’attention des élèves, capter leur intérêt avec… avec un élément qu’ils… qu’ils connaissent au quotidien puisque que la musique, c’est… c’est ça qui est… c’est ça qui est très particulier, c’est que contrairement à… aux mathématiques, à la géographie, on va leur apprendre des choses qu’ils ont l’impression de connaître parce que la musique, c’est quelque chose qu’ils… qu’ils manipulent déjà au quotidien. Donc, réussir à leur apprendre des choses sur quelque chose qu’ils croient connaître, qu’ils ont l’impression de déjà connaître et, d’autre part satisfaire les exigences des programmes, c’est extrêmement difficile !

On ne peut pas s’attaquer à toutes les notions si on veut prendre en compte le niveau de toutes les classes et de tous les élèves. Je me suis retrouvé avec des classes qui étaient tellement en retard par rapport à d’autres que j’étais quasiment obligé de créer des séquences rien que pour elles, des séquences qui sont clairement en-dehors des programmes. Et, si je me faisais inspecter sur une classe comme ça, je… je… je n’ose même pas imaginer ce qu’on m’aurait dit. 

À la suite de mes deux années de stage dans des collèges classés en éducation prioritaire, je pense que ça a été un cheminement logique. Déjà à la fin de la première année, je me disais que, peut-être, je n’étais pas fait pour ce métier ou que ce métier n’était pas fait pour moi, ça dépend dans quel sens on le prend. Mais je me suis dit que j’allais laisser une seconde chance à tout ça et que c’est peut-être moi qui n’étais pas assez impliqué. Je ne me sens pas plus incapable que mes camarades. S’ils y arrivent, je dois pouvoir y arriver aussi. J’ai donc fait ma deuxième année et… ça a été encore plus catastrophique. Je ne me sentais pas bien… clairement. À la fin de la deuxième année, c’est moi qui ai fait le choix de quitter l’Éducation nationale, de façon un petit peu informelle. J’ai fait comprendre à l’Inspectrice que je ne souhaitais pas poursuivre; puis, je suis passé en commission devant le jury et je leur ai dit que, s’ils m’affectaient quelque part, je ne prendrai pas mon poste. Ce n’était plus possible pour moi, quoi. Donc, puisque, comme on me l’a répété maintes fois, il fallait être professeur avant d’être musicien, moi, je me sentais musicien avant tout et mon désir profond était de vivre de la musique avant tout. C’est mon tuteur de l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation (ESPE) qui est venu me voir un jour et qui m’a dit « voilà, ça… ça fait quand même de nombreuses années qu’on se connaît, je vois bien qu’il y a quelque chose qui va pas ». Il m’a fait comprendre qu’il savait que je n’avais pas l’intention de poursuivre dans ce métier. Le but était alors pour moi de jouer le jeu jusqu’au bout et de me dire que, même si je ne me sentais pas épanoui dans ce métier, au moins j’aurais fait les choses jusqu’au bout. J’ai soutenu mon mémoire devant mes professeurs qui n’étaient pas au courant de mon futur abandon. Un ami qui a passé son Brevet d’Animateur (BAFA) m’a dit très clairement que, à partir de… de quinze… de quinze enfants, n’importe quel animateur le sait, on ne fait plus de la pédagogie, on fait de l’animation. Cette phrase sonne juste pour moi. C’est quelque chose que j’ai mis du temps à réaliser. Je souhaiterais enseigner des choses beaucoup plus pragmatiques, beaucoup plus techniques, l’instrument, ou alors des notions concrètes : du solfège, de la théorie, de l’harmonie…

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